mercredi 26 août 2009

L’homme qui valait 35 milliards


« Sur le moment, tu as bien tenu le coup. Tu n’as pas dit un mot, c’est vrai. Quand les autres ont hurlé leur colère, le poing en l’air, criant pour qu’on débraie au plus vite, qu’on marche, qu’on cortège jusqu’à la ville et qu’on déclenche une grève générale, pour qu’on bloque les stocks et qu’on parte manifester à Bruxelles, tu n’as même pas réfléchi, tu ne t’es pas demandé si tu étais pour ou contre, tu as pensé à ta famille, au pont sur lequel tu travailles chaque jour, à lever et poser des bobines, tout ça se mélangeait un peu, puis tu t’es rendu compte que tu avais besoin d’air frais.

La chaleur, les éclats de voix, l’air lourd et la poussière, tout ça ne t’aide pas à reprendre tes esprits.

Tu marches jusqu’à la sortie et c’est à ce moment-là que ça te prend, dans le couloir d’accès, juste avant la pointeuse, tu penses que c’est la dernière fois que tu feras ce trajet, c’est trop lourd à porter, tu sens une grosse boule d’angoisse qui remonte depuis ton estomac, elle bloque à hauteur de la gorge, elle ne parvient pas à passer jusqu’à ce que, d’un coup, elle éclate. Ca sort par les deux yeux, par ta bouche, des sanglots et des larmes, des hoquets qui te prennent, le vigile te voit passer, il n’ose même pas te demander de dépointer, il te regarde ouvrir la porte et c’est là que tu tombes nez à nez avec les caméras. »

Le roman de Nicolas Ancion sort ce jeudi en librairie. Liège City a pu se procurer un exemplaire avant tout le monde et est (très) fier de vous offrir en exclusivité et en avant première ces quelques lignes de « l’Homme qui valait 35 milliards » ou pourquoi deux liégeois décident d’enlever l'une des 5 plus grandes richesses mondiales.

5 commentaires:

  1. Oui, mais la littératuren,Nicolas en conviendra, ne peut s'accommoder du sensationnalisme et de la provoc

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  2. Bonjour, Anonyme. Je pense au contraire que la littérature peut s'accomoder de tout, et que le sensationnalisme et la provoc (qui ne sont aps vraiment présents dans ce roman, je le signale tout de même au passage), dans un roman, sont mêlés à tout le reste, qui est littérature.
    Ce qui reste en surface dans les médias (en télé, en radio...) sombre tout naturellement dans des couches plus profondes dans un roman.
    Donc, à mes yeux, même en tentant d'être raccoleur, un vrai romancier offre bien plus à ses lecteurs que du raccolage !

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  3. Oui, bonjour cher Nicolas,
    Merci pour ta réponse. En parlant de sensationnalisme et de provoc, ce n'est pas le contenu de ton roman qui était visé, mais la campagne autour. Sinon je suis un fan de la littérature belge et j'ajoute qu'il faut surtout encourager les auteurs méconnus, publiés chez de petits éditeurs et qui écrivent parfois de très beaux textes, mais faute de structure publicitaire, ils sont souvent renvoyés à l'anonymat, privant ainsi les lecteurs de leurs oeuvres. Merci de ton écoute mon cher Nicolas et bon vent...

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  4. Merci, Anonyme, c'est avec plaisir :-)
    Quant à la campagne autour de mon roman, je suis le premier étonné d'apprendre qu'il y en a une ! Si on parle du bouquin ou de son sujet, c'est simplement parce que des gens l'ont lu, j'imagine, ou en ont entendu parler. Si les médias en parlent c'est, je pense, parce que cela parle d'un sujet proche des gens et pourtant souvent passé sous silence à Liège. Depuis six ans, on vit comme si la fermeture des hauts-fourneaux n'était pas inéluctable, comme si un coup de baguette magique allait renverser la vapeur (ou plutôt la fonte en fusion ;-)

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  5. Oui mon cher Nicolas, c'est bien là la preuve que la littérature peut et même doit. Liège est une ville magique, les gens y sont merveilleux, j'en garde des souvenirs lumineux (du monde universitaire notamment), j'espère que les liégeois la sauvegarderont... Je lirai avec grand plaisir ton oeuvre, encore une fois, merci de ton écoute mon cher Nicolas et bonne continuation !

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